Dan Flavin
Dan Flavin était un artiste américain influent, pionnier du minimalisme et de l’utilisation de la lumière comme médium. Il a produit une œuvre singulièrement cohérente et prolifique, laissant un héritage important et durable qui a changé le cours de l’art du XXe siècle.
En 1933, Daniel Nicholas Flavin Jr. naît à Queens, New York, dans une famille catholique irlandaise. Il est contraint d’étudier pour devenir prêtre au séminaire préparatoire de l’Immaculée Conception à Brooklyn. Il se souvient : « Bientôt, la religion m’a été imposée pour anéantir tout optimisme enfantin que je pouvais encore avoir »¹. Par la suite, il s’engage, avec son frère jumeau David, dans la branche météorologique de l’Armée de l’air américaine. Durant son service militaire, Flavin développe un intérêt pour l’art, qu’il poursuit grâce au programme d’extension de l’Université du Maryland en Corée. À son retour à New York en 1956, il poursuit cette passion en fréquentant la Hans Hofmann School of Fine Arts, en étudiant l’histoire de l’art à la New School for Social Research, avant de terminer ses études à l’Université Columbia avec un cours de dessin et de peinture.
Les premières œuvres de Flavin reflètent son intérêt pour l’expressionnisme abstrait. Dès 1959, il commence à assembler des collages à partir d’objets trouvés dans la rue, notamment des boîtes de conserve écrasées. À cette époque, le jeune artiste travaille comme employé au service courrier du Guggenheim Museum, où il fait la connaissance de l’artiste Sol LeWitt, de la critique et commissaire Lucy Lippard, du peintre minimaliste Robert Ryman et de l’historienne de l’art Sonja Severdija, qu’il épouse deux ans plus tard. En 1961, il présente sa première exposition personnelle de collages et d’aquarelles à la Judson Gallery de New York. Cet été-là, alors qu’il travaille au Musée d’Histoire Naturelle, Flavin commence à esquisser des sculptures faites de lumière électrique. La même année, il réalise ses premières assemblages qu’il appelle « Icons » : huit peintures monochromes entourées d’ampoules électriques, dont une est dédiée à son frère David, récemment décédé. La référence aux icônes est emblématique de son œuvre : une exploration conceptuelle inlassable de l’espace et de la lumière. « Je préfère l’art en tant que pensée plutôt qu’en tant que travail », « J’ai toujours maintenu cela. Il est important pour moi de ne pas me salir les mains. Ce n’est pas par paresse instinctive. C’est une déclaration : l’art est pensée »².
À partir de 1963, Flavin travaille exclusivement avec des tubes fluorescents de fabrication industrielle, qu’il assemble différemment selon les installations. Il utilise uniquement six couleurs de lampes : rouge, jaune, bleu, vert, rose et ultraviolet ; et quatre blancs : blanc froid, blanc chaud, lumière du jour et blanc doux. Son attachement aux formes simples, l’utilisation de matériaux industriels et la portée symbolique de ses œuvres rapprochent sa démarche de celles de Donald Judd et Sol LeWitt. Tout au long des années 1960, en expérimentant la lumière, la couleur et l’espace, Flavin rejette la production en atelier et refuse de qualifier ses œuvres de « travaux » ou de « sculptures », préférant les désigner comme des « propositions » ou des « installations ». La plupart de ses œuvres sont intitulées Untitled mais accompagnées d’une dédicace entre parenthèses, comme ses célèbres Monuments for V. Tatlin, un hommage au peintre, sculpteur et architecte russe Vladimir Tatlin. En 1970, Flavin commence à délivrer des certificats sur papier millimétré, comprenant des schémas de l’œuvre, des descriptions écrites et sa signature. Son objectif était de protéger les œuvres et d’en assurer la préservation.
À la fin des années 1970, l’artiste initie une collaboration avec la Dia Art Foundation, qui aboutit à la réalisation de plusieurs installations permanentes in situ et à l’organisation plus récente de l’exposition itinérante Dan Flavin: A Retrospective (2004–2007). Flavin se concentre alors sur des installations de grande envergure spécifiques à des lieux aussi variés que la rotonde en spirale de Frank Lloyd Wright au Guggenheim Museum ou une ancienne gare du XIXe siècle à Berlin, aujourd’hui transformée en musée de l’art contemporain (Für Gegenwart). Bien que l’échelle de ses œuvres ait augmenté, les matériaux, l’esthétique et la réflexion présents dans ses premières expérimentations lumineuses demeurent intacts.
L’artiste meurt à Riverhead, Long Island, New York, le 29 novembre 1996. À sa mort, de nombreuses œuvres prévues restent non réalisées et non certifiées ; la succession Flavin décide de ne pas émettre d’œuvres non certifiées de son vivant. Quelques installations seront achevées à titre posthume, notamment l’impressionnante Chiesa di Santa Maria Annunciata à Milan. Il reste l’un des artistes les plus marquants et innovants de son époque, et ses installations sont aujourd’hui considérées comme des icônes du minimalisme.
¹ Dan Flavin, « … in daylight or cool white. » un croquis autobiographique (to Frank Lloyd Wright who once advised Boston’s “city fathers” to try a dozen good funerals as urban renewal), Dan Flavin: The Complete Lights, 1961-1996, 2004, p. 189.
² Dan Flavin, interviewé par Phyllis Tuchman, Dan Flavin: A Retrospective, 2004, p. 194.